Hispania Hispania
5 min readApr 26, 2022

DRAFT DE TRAVAIL/En souvenir de l’expédition DX de HH0N du 19 au 26 juillet 1981

Au cours du mois d’avril 1981, au Club, nous envisagions une expédition à La Navase. Nous savions que des pêcheurs locaux visitaient régulièrement l’Ile de la Navase, et pensions chercher un bateau adapté. Après avoir demandé autour de nous, nous avons été découragés en raison du danger encouru. Le moyen le plus sûr était l’hélicoptère. Jan Bernard Montes HH2BM (sk) nous a suggéré d’écrire à Jean-Claude Duvalier, alors président d’Haïti. C’est ce que nous avons fait le 8 juin 1981 et à notre grande surprise, le 26 juin, nous avons reçu la confirmation que nous devions contacter le Colonel G. Danache, responsable du “Corps d’Aviation des Forces Armées d’Haïti” pour le voyage.

Le 8 juin, nous avons demandé au Conseil National des Télécommunications (CONATEL), l’entité responsable de la délivrance des permis de communication, l’indicatif d’appel pour l’expédition et nous avons reçu HH0N (copie ci-jointe) pour la période du 18 au 30 juillet 1981.

A 7h00 le 19 juillet nous étions à l’aéroport militaire et un DC3 (photo jointe) chargé de nombreux fûts de carburant pour l’hélicoptère et pour nos 3 générateurs a décollé vers Aux Irois, près de Jérémie où il devait nous attendre. Environ une heure plus tard, l’équipe (5 radioamateurs et un technicien haïtiens) est montée à bord de l’hélicoptère présidentiel “La République d’Haïti” (photo ci-jointe) et a décollé vers Aux Irois, escorté par deux autres hélicoptères. Ceux-ci devaient transporter d’Aux Irois à La Navase le carburant pour nos générateurs, l’eau, les générateurs, tous les équipements radio et la nourriture. Une heure plus tard, nous avons atteint Aux Irois et l’armée a immédiatement transféré la “cargaison” du DC3 aux 2 hélicoptères d’escorte, et les 3 hélicoptères ont été ravitaillés en carburant et se sont dirigés vers La Navase.

La Navase est à environ 50 Kms de l’Aux Irois, et donc à plus de 200 miles de toute côte américaine. Alors que “La République d’Haïti” approchait de l’île, nous avons vu devant nous un navire de l’US Navy et un hélicoptère volant à la même altitude que nous et se dirigeant vers nous. On pourrait appeler cela de la provocation. Notre pilote a contacté l’hélico américain par radio sur différentes fréquences, mais n’a obtenu aucune réponse. Il nous a alors fait part de sa décision d’atterrir quand même, et cherchait un endroit dégagé. En faisant cette approche, nous avons croisé 3 grandes tentes et 3 tours d’environ 100 pieds chacune. C’est un camp militaire, et nous avons appris plus tard qu’il y avait 119 marines. Notre hélicoptère atterrit finalement dans la partie centrale de l’île.

La première chose que nous avons faite a été d’élever un mât au sommet duquel se trouvait notre drapeau national et de chanter notre hymne national. Deux hélicoptères américains tournaient autour de nous en permanence. Après notre petite cérémonie, l’un d’eux a décidé d’atterrir non seulement très près de nous, mais aussi face à nous, avec des mitrailleuses montées sous leur appareil et pointées droit sur nous. Nous nous sommes alors déplacés derrière les 3 officiers qui nous accompagnaient. Trois marines sont descendus de l’hélico, lourdement armés et munis de grenades, et se sont placés autour de leur machine. Puis un lieutenant est descendu accompagné d’un marine également lourdement chargé et avec des grenades. Les “visiteurs” se sont approchés de nous, et sans saluer nos officiers haïtiens, ont parlé directement au chef mécanicien. Brève conversation technique que le major haïtien interrompt en énonçant son nom et son grade. Oups ! La réaction a été celle que nous attendions : le lieutenant américain s’est immédiatement immobilisé en saluant, donnant son identité. Après un moment qui lui a paru une éternité, il a demandé s’il pouvait parler aux civils ? Le Major a répondu qu’il était le bienvenu. Le lieutenant veut que nous montrions notre autorisation d’atterrir ; le côté politique devient inévitable, et nous, les 6 civils, disons d’une seule voix “nous n’avons pas besoin de permis pour voyager dans notre pays !”. Immédiatement les rapports deviennent courtois. Vous pouvez aller comme vous voulez sur l’île (dit le lieutenant américain), et nous serons heureux de vous accueillir dans notre camp. Vous êtes les bienvenus pour utiliser toutes nos installations. Puis, après avoir salué militairement, avec ses hommes, il repart vers la capitale.

Le soir même, nous avons commencé à passer des appels avec HH0N, et vous ne pouvez qu’imaginer les carambolages. Certaines stations nous accusaient même de ne pas être sur l’île. Pour éviter tout soupçon, nous leur avons parlé du navire de la Marine qui se trouvait à proximité, avec son nom, afin qu’ils puissent vérifier. Peu de temps après, le pile-up est devenu encore plus important. Nous avions 3 opérateurs sur l’antenne à tout moment, et avons travaillé sur plus de 7000 stations pendant notre séjour. Les conditions étaient bonnes les 10/15/20 mais difficiles les 40/80. Nous avions un Kenwood 520 et 2 Yeasu dont je ne me rappelle pas le modèle, 2 tribanders et plusieurs dipôles. Nous étions également alimentés par 2 générateurs à essence de 5 kW et un de 1000 watts.

Ceux d’entre vous qui se souviennent de “The Arabian Nights Net”, notre camarade HH2BM en était membre. Ils se réunissaient habituellement le jeudi vers 20h00 (0200Z) sur 14.225, et ce jeudi soir HH0N était invité sur leur fréquence de réseau pour établir des contacts avec à peu près toutes les Nuits. C’était une expérience … Jusqu’à ce jour, j’entends encore des amplificateurs être réglés sur la fréquence ! Avant ce jeudi, Zedan JY3ZH, frère du roi Hussein JY1, se connectait tous les jours à chaque station HH0N, pour nous soutenir. Son signal était exceptionnel.

Chacun d’entre nous était familier avec certains réseaux et s’y connectait, à l’improviste, au moins une fois. Pouvez-vous imaginer le bruit créé. Être du côté du DXer est un autre plaisir, et un plaisir à expérimenter.

Deux fois pendant notre séjour, nous avons rencontré l’armée américaine, et les rapports ont été courtois. Lors du premier incident, HH2BM était parti à la chasse avec son fusil de chasse, et a rencontré un marine qui était probablement perdu. Il l’a invité à rejoindre notre camp et à dîner. Cela devait faire des semaines que cette pauvre âme se nourrissait de MRE et appréciait vraiment notre cuisine française/créole. Deuxième rencontre, trois des nôtres qui étaient allés se baigner en fin d’après-midi se sont perdus sur le chemin du retour au camp alors que la nuit tombait. Fatigués, les bras en l’air, affamés, ils sont arrivés au camp américain où ils ont été nourris et où les bras ont été pris en charge. Le lendemain, ils sont raccompagnés à notre base par un marine.

Le 26 juillet, sept jours après notre arrivée, et donnant à ce DX un contact rare à de nombreuses stations, nous retournons, comme prévu, à Port-au-Prince, par le même chemin que nous sommes venus. Nous envisageons de refaire cette expérience !

Les membres de l’équipe HH0N :

HH2BM Jan-Bernard Montes
HH2JR Jean-Robert Gaillard
HH2CR Réginald Chauvet
HH2PW S.G. Daniel
HH2B Bernard Russo
Francis Mitchel

Jean-Robert GAILLARD HH2JR
Membre HH0N DXpedition “

Sign up to discover human stories that deepen your understanding of the world.

Free

Distraction-free reading. No ads.

Organize your knowledge with lists and highlights.

Tell your story. Find your audience.

Membership

Read member-only stories

Support writers you read most

Earn money for your writing

Listen to audio narrations

Read offline with the Medium app

No responses yet

Write a response